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Allez ! On y retourne !

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Allez ! On y retourne ! Empty Allez ! On y retourne !

Message par Capitaine Malhorne Ven 5 Juil - 21:01

Bonsoir à toutes et tous,

Après un douzaine d'année de "pose"  le monde de Kandorya me donne envie de revenir au GN.
Je m'appelle Patrice, j'ai 57 ans (et oui…) je suis grand-père (et oui²...), j'ai participé à mon premier GN en 1990 et je vais faire en sorte de jeter l'ancre à l'inter-Kando d'avril 2020.

J'ai hâte d'arpenter les rues du port et des différents quartiers de la ville.

Mon personnage se nomme Barend Malhorne .Il a 57 ans.  Il est dans la piraterie depuis 15 ans.
De 19 à 26 ans il est mercenaire. A 26 ans il créait sa propre compagnie qu’il commande pendant 8 ans. Il dirige ensuite, pendant 4 ans, un lieu de plaisirs « Les 3 sirènes » à  Port La source. Il devient ensuite Guide-Explorateur-Chasseur. A 42 ans il gagne le « Narval » au jeu et devient Pirate.

Et comme il aime à le dire : "Si l'âge est un état de fait, la vieillesse, elle, est un état d'esprit !"

Alors jeunes moussaillons ou capitaines de comptoir, un conseil : Méfiez vous des cheveux blancs car très souvent ils cachent des centaines de batailles, d'abordages et de morts. Méfiez vous des cheveux blancs car c'est la mort elle même qui les a décolorés.
Mais j'espère que nous aurons l'occasion de disserter de ça ou de bien d'autres choses plus intéressantes autour d'un verre  dans la meilleure (ou pas) auberge de la ville. Car nous, les Pirates, nous pissons du rhum et chions de la poudre à canon et malheur à celui qui l'oublie.

A bientôt

Capitaine Malhorne

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Message par Gézabel Ka Ven 19 Juil - 19:29

Bienvenue !
T'inquiète pas, y'a plein d'autres vieux !!! Embarassed

Ce forum n'est hélas plus le média n°1 au profit du flic Facebook. C'est déplorable mais certains demeurent fidèles à ce forum alors pourquoi pas espérer une restauration de la gloire d'antan !?!
Gézabel Ka
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Message par Capitaine Malhorne Ven 14 Fév - 10:19

La tempête arrive par bâbord. Comme un mur de ténèbres se ruant sur nous.

Les hommes voltigent dans les haubans.

Réduire la voilure.

Des ordres secs claquent dans les premiers rugissements du vent.

Aucune agitation ne règne sur le pont.

Chacun sait ce qu’il à a faire.

Debout sur le gaillard arrière je tente de ne pas perdre de vue notre proie, un magnifique 4 mâts, surement équipé de plus de canons qu’un prêtre d’Océanos ne peut en bénir et d’un équipage à minima trois fois plus nombreux que nous.

« Le Narval » mon navire depuis maintenant 15 ans, vibre de toute sa structure lorsqu’il commence à surfer les énormes vagues qui se forment autour de nous.

Ce navire a une âme.

Mon Premier-Maître, Jol Arriés dit « Le sec », s’approche de moi en retenant in extremis son antique tricorne, de s’envoler dans une rafale un peu plus forte que les autres.

- Capitaine. On est bien ! Voilure réduite ! J’ai fait doubler les amarres sur les canons à l’exception de la première paire bâbord et tribord comme vous l’avez ordonné.

- Parfait !

- Sauf votre respect Capitaine, je ne comprends pas le sens de votre manœuvre. Avec ces creux on ne pourra de tout façon, ni lui, ni nous, utiliser nos canons. Quant à un abordage…

- Exact premier-Maitre.

- …

- Nous ne sommes plus très loin de la « Pointe aux veuves ». Le Capitaine de notre cible n’a de toute évidence pas l’expérience de cette partie de l’océan. Sinon il serait passé plus à l’ouest pour ne pas risquer de se faire drosser sur les ilots en cas de gros coup de vent… Je vais me positionner sur son flanc bâbord pour le pousser vers l’est.

- Même si ce Capitaine est un novice il a forcement à son bord des gars d‘expérience et je permets de vous rappeler que la « Pointe aux veuves » est équipée d’un phare à huile qui signale les récifs.

- De nouveau exact Premier-Maitre…Sauf que, comme son nom l’indique, un phare à huile à besoin d’huile pour fonctionner. Et ce moment on en trouve plus un litre… La confrérie des baleiniers du grand sud est en guerre avec la cité état de Martem. Les taxes imposées par cette dernière sont devenues astronomiques. Les navires de la confrérie ne pouvant pas faire autrement que de passer par Martem pour accéder au marché des différentes nations du monde, les baleiniers ont décidé de prendre la ville par la force.

- Vous avez l’intention de participer à cette guerre Capitaine ?

- Pour l’instant, non !

Un gigantesque mur d’eau sombre se dresse subitement devant « le Narval ». Semblant accélérer, le vaisseau s’élance à l’assaut de ce que beaucoup d’hommes considéreraient, à raison, comme un obstacle infranchissable.

Ce navire a une âme.

Arrivé sur la crête de la vague le temps s’arrête. Comme en équilibre précaire, « le Narval » semble hésiter entre plonger dans l’abîme sombre qui s’ouvre devant lui ou glisser par l’arrière et se précipiter vers un autre monstre d’écume qui gronde déjà derrière lui. Ces quelques secondes me permettent d’apercevoir le 4 mâts à moins de 100 mètres sur mon tribord, filant droit vers sa destruction.

- Préparez les canons tribord Premier-Maitre. Nous allons lui mettre un peu la pression. A la prochaine crête de vague vous lâchez une bordée.

- Bien Capitaine.

Il fallut quelques minutes pour que « le Narval » se trouve dans une position qui permette de faire feu avec un minimum de précision…et de crédibilité…

Malgré les terribles rugissements du vent le bruit de la salve des 2 canons se fit entendre.

- 2 boulets à la mer Capitaine ….

- J’ai vu Premier-Maitre, mais ils ont entendu les tirs et c’est ce qui compte… Si mes calculs sont exacts on ne devrait plus être très loin de la « Pointe aux veuves ». Envoyez un homme en vigie pour qu’on ne se fasse pas prendre à notre propre jeu…

A peine arrivé à son poste la vigie se met à faire de grands gestes en direction de tribord.

Le Premier maitre se rapproche rapidement de moi.

- Ecume statique à 200 mètres à tribord Capitaine. Barre à bâbord toute.

Le Narval grince de toutes ses membrures, mais il obéit avec sa précision et sa rapidité légendaire.

Les vagues nous attaquent de côté.

Le pont est balayé par d’énormes paquets de mer.

Je lève la tête.

La vigie n’est plus à son poste.

Je sais qu’elle n’a pas eu le temps de redescendre…

Merde !

Je sais exactement où nous sommes. Je sais donc que je vais devoir tenir cette ligne pendant quelques minutes avant de pouvoir virer tribord et remettre mon navire dans le sens des vagues.
Ça va être long…

Le Narval gîte de manière inquiétante… Me serais-je laissé emporter par un excès de confiance ? …A mon âge ! …

Capitaine Barend Malhorne, disparu à la barre de son navire.
Navire qui sombra sous le poids excessif de l’égo de son commandant…

Je ne vois plus le 4 mâts…Je ne vois plus rien en fait….

Merde !


Capitaine Malhorne

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Message par Capitaine Malhorne Mar 5 Mai - 9:54

FRAGMENTS DE MEMOIRES D’UN VIEIL AVENTURIER par F. Malhorne



Port la source il y a 15 ans.


La journée se termine dans la douceur de l’éternel été qui règne sur cette partie du monde.


La mer est calme. Une légère brise gonfle mollement les voiles des navires arrivant au mouillage.


Quelques chaloupes déversent déjà leurs contingents de matelots qui, dès le pied posé à terre, s’égaillent en braillant, telle une volée de moineaux, dans les rues de la ville basse.


Je viens de rentrer d’une expédition dans les monts Gris, au sud du continent. Expédition montée par un groupe d’ethnologues amateurs, ce dernier qualificatif n’étant pas usurpé, loin de là.


Ma mission : Les conduire au plus près de sites de vie Orc.


Ayant immédiatement cerné le profil des personnes constituant ce petit groupe et comprenant que l’arme la plus impressionnante qu’ils n’aient jamais manié devait être un coupe papier, je les emmenais dans une zone que je qualifierais de calme.


Lorsque je commandais mon unité de mercenaires j’avais à mes côtés un éclaireur Orc, Urgul, auprès duquel j’appris, entre autre, sa langue. Mais ceci est une autre histoire …


Urgul vit désormais à la lisière de la forêt d’Emnéria, sur les contrefort des Monts gris. Il est à la tête d’un petit clan d’une cinquantaine de membres, tous des cabossés de la vie qui ont presque plus souffert des sévices infligés par leurs propres congénères que par ceux des autres races.


Le clan vit du commerce des peaux et des fourrures qu’ils troquent auprès de trappeurs, humains pour la plupart, contre des produits de première nécessité.


Quelques jours avant de partir avec mon groupe d’ethnologues, j’ai fait parvenir un message à Urgul afin d’organiser avec lui une « fausse-vrai rencontre » avec un groupe d’Orcs « Armés et dangereux » .


Après deux journées de marche, nous tombons, par le plus grand des hasards, sur des combattants Orcs, féroces.


La troupe des sanguinaires guerriers à la peau verte se compose de : Urgul, de son beau-frère Ramk, le meilleur dépeceur du clan, de Simbta la « chamane », qui travaille en ce moment à la rédaction d’une anthologie de la pensée Orc, ainsi que de Garv, Dart, Cremn et Dian, les quadruplés, fils d’Urgul.


Les Orcs se dressent donc devant nous, vociférants et menaçants. Je m’avance alors crânement vers leur chef et me lance dans une longue négociation, en Orc bien entendu.


Nous jouons notre scène avec force cris, grognements, cliquetis d’armes et j’en passe.


Les Ethnologues se pissent dessus de peur et les quadruplés se pissent dessus de rire.


Concernant ce dernier point et à la décharge de mes clients, il faut admettre que, sans une certaine expérience, il est très difficile et ce n’est pas faire injure aux Orcs, de différencier un Orc qui a un fou rire d’un Orc qui est entrain de hurler de colère.


Le rire, chez les Orcs, a quelque chose de guttural qui s’apparente plus au son émis par un phoque en pleine crise d’asthme qu’au léger bruissement produit par un Elfe lisant la dernière blague en date sur les Nains dans « La gazette de la forêt verdoyante de l’immaculée lumière de Valandaren »“.


Au bout d’une heure, le temps de prendre des nouvelles de toute la famille, je me retourne vers mes clients en leur indiquant que l’on pourra repartir sains et saufs moyennant quelques pièces d’or, pièces qu’ils s’empressent de donner trop content de sauver leur peau.


La transaction terminée nous quittons précipitamment la petite clairière où s’est déroulé cette scène qui, n’en doutons pas, alimentera pendant des années les discussions des membres de cette éminente expédition.

Membres qui ne manqueront pas de rédiger force articles ou ouvrages sur les Orcs et leur manières féroces, s’autoproclamant Spécialistes de la « chose Orc », « chose » car incapable d’associer les mots « Nations », « Culture » ou  pire « Civilisation » avec le mot « Orc » et pourtant …


Suite à cet épisode, mes clients décidèrent, d’un commun accord, d’écourter leur expédition, qui avait, à n’en pas douter, dépassé leurs plus folles espérances.


Ils me gratifièrent d’une confortable prime : Ne venais je pas de, tout simplement leur sauver la vie !

Je refusais, arguant que je n’avais fait que mon travail.

Ils insistèrent.

J’acceptais, « contrit et gêné par tant de générosité».


Je les raccompagnais jusqu’au port où les attendait le navire qui les ramènerait chez eux.


Dès qu’ils furent à bord je partis rejoindre Urgul, d’abord pour passer du temps avec lui et sa famille et accessoirement pour partager la prime offerte par les Ethnologues.


Un tonitruant cri de victoire me ramène sur la terrasse des « 3 sirènes » .


A la table d’Estime la plus proche, un vieux capitaine Pirate, Gert Maret dit « Quic en bois» déformation de « Quille en bois » à cause de sa prothèse de jambe, vient de remporter la mise qui me semble être assez conséquente.


Une place se libère à une des tables de jeux.


Je m’assied, sort ma bourse, pose ma première mise sur le tapis et attend que le joueur en face de moi distribue les cartes.


Je reçois mes 10 cartes, tout comme les 3 autres joueurs. 40 cartes distribuées sur les 54 que compte le jeu.


J’analyse ma main. J’ai un jeu moyen, mais j’ai une carte spéciale « le Vaisseau fantôme » qui permet d’annuler n’importe quel pli joué. Pas mal, mais rien de transcendant.


Je ne pense pas pouvoir faire mieux que Troisième. Je choisi donc la carte « Position 3 » dans mon deck et la glisse, face cachée, sous le tapis de jeu devant moi. Les autres joueurs en font de même et la partie débute.


Mon voisin de gauche est à l’offensive. Je laisse filer les plis. Je n’ai toujours pas utilisé le « Vaisseau fantôme » et aucune des 3 autres cartes spéciales n’a encore été jouée. Soit elles n’ont pas été distribuées soit elles ne vont pas tarder à sortir.


Dernier pli. Les cartes tombent, que des grosses, mais pas de Spéciale. Je joue en dernier. Le « Vaisseau fantôme » annule le pli. Je ramasse les 4 cartes et les laisse sur le tapis puisqu’elles ne seront pas comptabilisées.


Nous comptons tous nos plis. J’arrive en quatrième position. J’avais prévu d’être en troisième, c’est donc perdu pour moi. Les trois autres joueurs n’ont pas non plus correctement estimé leur place, les mises restent donc sur la table pour la prochaine main.


Tout à ma partie je n’ai pas vu arriver « La Barrique » de son vrai nom Maltus Barramen, Capitaine du « Nain jaune » et commandant d’une flottille de 4 navires connu sous le nom d’ « Armada de la Côte noire »


Pourquoi « La Barrique » ?


1 mètre 60 de haut pour 1mètre 30 de large et 120 kilos.


Il est vêtu d’une redingote en tissus brodés, agrémentée de dentelles de couleurs variées et de multiples broches en or.

Son oreille gauche arbore une boucle garnie d’un diamant gros comme un œuf de pigeon.

Sur la tête il porte un superbe tricorne rehaussé d’une plume verte de plus de 50 centimètres de long.

Ses pieds sont chaussés de bottes, vernis, aux talons ridiculement hauts.

Sa taille est ceinte d’une écharpe en soie or dans laquelle est glissée une paire de pistolets avec crosse en ivoire et canon finement ciselé.

Sur son côté droit pend un sabre d’abordage étrangement sobre au regard du reste de la tenue.


Lorsqu’il se déplace il laisse dans son sillage des effluves mêlées de parfum entêtant et d’odeur de transpiration aigre.

Dernier détail et non des moindres, ce fier pirate est doté d’une haleine à décoller les parquets…


Mais le plus dérangeant chez lui c’est son regard. Fuyant. Les yeux toujours en mouvements.

Je le connais depuis plusieurs années. Ce type est dangereux car instable et totalement imprévisible.

Il peut passer, à une vitesse effrayante, d’une phase d’euphorie totale à une phase de dépression abyssale et ce sans raison apparente.


Comme toujours il n’est accompagné que de ses trois Capitaines.

Lythana Sarletti, commandant « Le Vagabond »,  aussi belle que compétente. Jol Alarcés, commandant le « Lana  » un type sympathique et fiable et un troisième homme que je n’ai encore jamais vu mais qui doit être le nouveau commandant du « Narval ».


« La Barrique » est là pour jouer, gros, comme d’habitude. Deux des trois types avec qui je joue depuis un moment se lèvent et quittent la table.


Barramen s’approche et s’installe.


-      Bonsoir Messieurs, Bonsoir Malhorne.


-      Bonsoir Capitaine. Ca faisait une éternité que l’on avait pas eu le plaisir de vous compter parmi nous.


-      Et bien me voilà !


D’un signe de la tête je demande à Gébard, le gérant des « 3 sirènes », de nous amener une bouteille de rhum.


La soirée risque d’être longue et potentiellement agitée…



7 heures plus tard, il ne reste plus que notre table sur laquelle une partie se déroule. Et quelle partie ! 35 tours de jeu sans vainqueur. Je pense qu’on est pas loin de tenir un record.


Il faut savoir qu’ aux « 3 sirènes » nous jouons à l’Estime avec les règles dites de « La source ».


Ces règles, contrairement aux règles « Classiques », ne permettent pas aux joueurs de récupérer leurs mises au bout de 5 tours de jeu, si aucun joueur n’a gagné.

Ce qui fait qu’au bout de 35 tours de jeu, sans gagnant, la somme d’argent au centre de la table est très importante et c’est un doux euphémisme.

Autre spécificité des règles de « La Source » : Tous les 5 tours de jeux, sans gagnant, le montant de la mise est doublée et si un joueur quitte la table, il laisse ses mises sur le tapis.


J’ai beaucoup gagné sur les premières heures de jeu, mais malgré ça je risque gros si jamais je perds maintenant.


« La Barrique » transpire à grosses gouttes. Il se sert un énième verre de rhum. Les deux autres joueurs, des habitués, ont le visage fermé et le regard vide.


Nous entamons le 36éme tour de jeu, les mises doivent donc être doublées.


Je dépose cinq conséquentes piles de pièces devant moi. Gébart me lance un regard inquiet depuis le comptoir.

Avec ce que j’ai déjà mis sur la table et ce que je viens de rajouter je ne suis pas loin de jouer mon titre de propriété des « 3 sirènes ».


« La Barrique » compte et recompte ses pièces. Il n’a de toute évidence plus suffisamment de liquidité pour continuer. Les deux autres joueurs et moi-même ne le quittons pas des yeux.


Un silence de mort règne sur la terrasse. Les clients présents autour de la table pour suivre la partie n’osent même pas esquisser le moindre geste.


-      Je joue le « Narval » !


Les autres joueurs et moi-même nous regardons.


-      Je joue le « Narval » mais je récupère l’ensemble de mes mises. Vous restez largement gagnant !


D’un signe de tête nous acquiesçons.


Je me tourne vers Gébart :


-      Gébart, merci d’apporter du papier, une plume et de l’encre pour que le Capitaine Barramen puisse rédiger l’acte de cession du « Narval ». Capitaine ! Merci de laisser la partie « Nom du propriétaire » vide.


« La Barrique » s’exécute et dépose l’acte sur le tapis devant lui, non sans avoir au préalable et comme convenu, récupéré l’ensemble de ses mises.


C’est à mon tour de distribuer.


Je regarde mes cartes et j’ai toutes les peines du monde à réprimer le sourire qui me vient aux lèvres…ça c’est du jeu !!!

Des valeurs de carte entre 6 et 10 et 2 cartes « Spéciales » :


-      « Océanos » : Le joueur de la carte choisi le vainqueur du pli et ce quelle que soit la valeur des cartes jouées. Il peut se choisir lui-même.


-      « Vent arrière » : La valeur du pli est multipliée par 2


Je pense être en mesure de gagner cette mène. Je glisse devant moi, face cachée, la carte « Position 1 »… Les jeux sont fait …. Maintenant ça passe ou ça casse !

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Message par Capitaine Malhorne Mer 16 Mar - 12:58

Les Chroniques de Malhorne : « Avancer, encore et toujours. »

Le premier voyage que j’ai effectué à bord du Narval en tant que Capitaine, fut, pour moi, le pire de tous.
Après plusieurs jours de mer nous avons débarqué dans le petit port de pêche de Saléa. Je trouvais à louer une charrette avec un cheval. Aidé de mon premier maitre je déposais la dépouille de Faéna sur le plateau et partais, seul, en direction de la passe de Véryme et du territoire Elfique.

Faéna fut ma compagne pendant plus de 10 ans. La seule Elfe avec un tempérament volcanique. Ses colères étaient encore plus impressionnantes que celles d’une Orc.

La première fois que nous nous sommes rencontrés elle a failli me tuer sous prétexte que je la regardais de façon trop insistante…D’un autre côté comment aurais-je pu ne pas la regarder tant elle était belle.

A l’époque elle était éclaireur dans une compagnie de mercenaires à forte composante Elfique, dont j’ai oublié le nom. Nous nous sommes retrouvés engagés par le même commanditaire pour mener une guerre de frontières entre deux alliances de provinces de la région de Nastéra.
Ma compagnie et celle de Faéna étant spécialisées dans l’infiltration nous avons mené une dizaine de missions conjointes, dont une où nous avons vraiment failli y rester. Frôler la mort ensemble rapproche invariablement. Le soir même, à notre retour au camp, nous avons bu « quelques » verres à la mémoire de celles et ceux que nous avions perdu au combat.
L’alcool aidant, nous avons, l’un comme l’autre, commencé à baisser les masques.
C’est ce soir-là que j’ai su qu’il n’y aurait désormais plus jamais qu’elle dans ma vie…mais je me suis bien gardé de lui dire. Courageux mais pas téméraire le père Malhorne. Je peux tout affronter, sur un champ de bataille où ailleurs, mais son regard, couleur or, même si elle me souriait, m’a toujours pétrifié.

Cela fait 15 ans aujourd’hui qu’elle est morte.
Cela fait 15 ans aujourd’hui que j’attends la mort
Cela fait 15 ans aujourd’hui que cet enfoiré de Maltus Barramen, fou de rage d’avoir perdu le Narval aux cartes, tira une dizaine de bordées de canons sur l’auberge, la réduisant en cendre, tuant au passage 17 personnes, dont Faéna.

J’ai mis près de 2 ans pour retrouver ce salopard. Après avoir sillonné la quasi-totalité des mers du monde connu je suis tombé sur lui par hasard dans le port de Tserkés. Il buvait un verre en terrasse d’une auberge de la partie haute de la ville en compagnie de Lythana Sarletti commandant le Vagabond.

Je l’ai vu en passant dans la rue. J’ai gravi les quelques marches menant à la terrasse. D’un signe de la main j’indiquais à un serveur zélé qui fonçait vers moi que je rejoignais la table du Nain jaune.

Il me tournait le dos. Sarletti me vit arriver, elle me reconnut mais n’esquissa aucun geste pour le prévenir. Arrivé derrière lui, je sortis mon arme et lui logeais une balle dans la tête. Je le délestais de sa magnifique paire de pistolets à crosse d’ivoire et après un signe de tête à la capitaine du Vagabond, je repartis sans un mot.

A ceux disant qu’il n’y a aucun honneur à tirer une balle dans la tête d’une personne qui vous tourne le dos je répondrais ceci : L’Honneur est une valeur qui n’a de sens que si elle est partagée. Si ce n’est pas le cas elle devient alors une source potentielle de danger pour celui ou celle qui s’évertue à la brandir comme un étendard.

Est-ce que le tuer m’a apporté un quelconque réconfort ? Non !
La douleur de son absence est toujours là et j’espère que la mort de l’effacera pas. J’espère conserver mes souvenirs pour pouvoir partir à sa recherche et la retrouver dans cet inconcevable ailleurs qui nous attend après.

Mais pour l’instant je suis toujours vivant. J’aime ma vie à défaut d’aimer la vie et comme me disait souvent Faéna : « Tu n’es qu’un simple Humain à l’espérance de vie ridiculement courte. Alors profitons pleinement du temps que nous avons à passer ensemble parce qu’après ta mort je devrais vivre encore 1 siècle à 1 siècle et demie …sans toi … »

Je continue donc à vivre pleinement et le fait que ce soit moi qui endure la douleur de son absence et qu’elle n’ait pas, elle, à en souffrir, me donne le sourire et la force d’avancer encore et toujours, en attendant… en l’attendant…

***************************************************************
Nous nous retrouverons pour une nouvelle vie dans un inconcevable ailleurs.
Nous nous retrouverons pour que Nous défie le temps et la mort.
Nous nous retrouverons pour tout recommencer et peut-être encore nous perdre.
Nous nous retrouverons pour que la vie ait enfin un sens.
Nous nous retrouverons, je te le promets.

Séori, poétesse Elfe (Ancien Empire, 3éme Dynastie, vers 745)
**************************************************************

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Allez ! On y retourne ! Empty Les Chroniques de Malhorne : "Le danger peut surgir de nulle part"

Message par Capitaine Malhorne Ven 17 Juin - 17:46

J’ai pris l’habitude, depuis quelques années, de jeter l’ancre dans le port de Lenary, au fond de la magnifique baie du même nom.
Lenary est une très belle et très riche cité. Ici peu importe d’où provient votre argent du moment que vous le dépensez, de préférence en grande quantité.

J’ai pris mes quartiers au Palais des Abysses, une maison close de très bonne tenue, installée dans un ancien palais situé sur la seconde corniche surplombant la baie. Comme je suis en fonds, Mélo, une demie-Elfe, pensionnaire de l’établissement, va passer les deux prochaines semaines à mes côtés.

Une des particularités du Palais, comme on l’appelle familièrement, est que l’on y trouve des prostituées de toutes races et de tous genres. Le corollaire à ça est que la clientèle est à l’avenant, à savoir des clients de toutes races et tous genres. C’est là que l’on a la confirmation, s’il en était encore besoin, que l’argent ne donne pas forcément, à celui ou celle qui le possède, de la tenue, de l’éducation et de l’intelligence.

Je suis sur la terrasse, confortablement installé dans un énorme fauteuil en rotin blanc, un Grem de 20 ans d’âge dans la main droite et un cigare dans la gauche. Mélo lit le journal et de temps à autres me commente telle ou telle information.
Mon regard vagabonde tranquillement sur les tables. Les races ne se mélangent pas. Les Humains avec les Humains, les Nains avec les Nains… il y a quelques exceptions mais rien de significatif.

Il n’y a bien que dans un lit que ces barrières tombent, mais à quel prix…surtout pour les prostituées, souvent traitées comme des bêtes par des clients ou des clientes en mal de domination.

J’ai vraiment de plus en plus de mal à supporter mes contemporains. Peut-être est-ce lié à l’âge.

Je me rends compte que Mélo me regarde par dessus le journal. Ses magnifiques yeux verts me sourient et je sais être le seul qu’elle regarde comme ça. C’est la seule femme, depuis Faéna, pour qui j’éprouve des sentiments. Je ne sais pas encore si c’est de l’amour mais ça y ressemble un peu.

Le bruit d’une altercation à l’autre bout de la terrasse me sort de ma rêverie. Un Humain est entrain de passer ses nerfs sur une serveuse Naine. Encore un qui va se faire jeter dans la rue avec pertes et fracas par Harsm le responsable de la sécurité.
 
Je me suis toujours demandé pourquoi les Humains détestaient à ce point les autres races.

Nous considérons les Nains comme colériques et un peu bas de plafond. Les Orcs pour nous sont des créatures violentes et sanguinaires. Quant au Elfes, leur côté froid, hautain et condescendant nous rend fou.

Mais, objectivement, je connais une quantité astronomique d’Humains qui possèdent au moins une de ces « qualités », voir toutes…

Ces trois races sont comme un miroir pour nous. Elles nous renvoient en permanence l’image de ce que nous sommes réellement, à savoir la quatrième race de ce monde, ni plus, ni moins. Pas la première, pas la race dominante, juste une race parmi quatre.

La femme que j’aime était une Elfe, celui que je considère comme mon frère est un Orc et il y a de nombreuses années un Nain, Olach, lors d’une bataille, a donné sa vie pour me sauver « parce qu’il en allait de son honneur de le faire ».
Ça rassure d’identifier l’Autre comme son adversaire, son ennemi. Il est différent physiquement donc je peux le reconnaitre facilement. C’est tellement simple pour ne pas dire simpliste. C’est rassurant. Le danger ne peut pas venir « de l’intérieur » et pourtant…Les plus grands ennemis que j’ai eu ou que j’ai encore sont des Humains et en ce qui concerne les autres races je n’ai, à de très rares exceptions près, que des adversaires.

En début de soirée je descends dans les salons du Palais pour prendre un verre avec une ou deux connaissances que je ne manquerais pas de croiser. Mélo m’a demandé de la laisser travailler une partie de la soirée car il y a beaucoup de clients… Ce que femme veut ….

Les maisons closes restent et resteront toujours des endroits parfaits pour conclure des affaires. Les cales du Narval sont pleines à craquer d’œuvres d’art, butin de mon dernier abordage et je pense que je vais pouvoir les vendre assez rapidement.

Quand on parle du loup … Aristéde Zaraïdés, très beau, très riche et très talentueux marchand d’art fait son entrée dans la majestueuse pièce où se trouve le bar, entouré de son éternelle garde rapprochée d’éphèbes. Me voyant il se dirige directement vers moi tout en faisant signe à ses mignons de le laisser seul.

   • Barend, Barend ! Tu aurais pu prévenir de ton arrivée vilain garçon… !

   • Cher Aristéde, le plaisir de me voir n’en est-il pas plus intense ?

   • Je te déteste Capitaine ! …. J’imagine que tu es toujours un indécrottable hétérosexuel ?

   • Et oui, mon cher ! D’un autre côté je ne peux pas avoir que des qualités !

Un grand sourire illumine le visage du marchand d’art et tout en me prenant par le bras il me glisse à l’oreille :

   • J’adore … Mais trêve de mondanités Capitaine. Si tu es ici c’est que tu dois avoir quelque chose à vendre ! Est-ce que c’est susceptible de m’intéresser ?

   • Je pense effectivement que ça va t’intéresser.

Je lui fais un rapide compte rendu des évènements qui m’ont permis de mettre la main sur la collection du riche et malchanceux amateur d’art qui a croisé la route du Narval.

   • Tu as le nom de ce type, Barend ?

   • De mémoire il s’appelait Farzal ou Ferzal

   • Alamyr Ferzal ?

   • Oui c’est ça ! Alamyr Ferzal. Pourquoi tu le connais ?

   • Oh oui … ! Là je crains fort mon chéri que tu ne te sois pas fait que des amis…

   • Je suis habitué …

   • …C’est donc toi !

   • Moi quoi ? Ce n’est pas le premier bateau que je capture … C’est un peu la nature même de la piraterie si je ne me trompe …

   • Les œuvres d’art sur lesquelles tu as mis la main étaient destinées à un richissime collectionneur de la ville.

   • De Lenary ?

   • Oui Capitaine !

   • Et bien je vais lui vendre en direct ! Ou plutôt, si tu préfères, je te vends le lot et tu traites en direct avec lui ! Qu’en penses-tu ?

   • Ça ne va pas être possible cette fois ci Barend ! … Pour la bonne et simple raison que le collectionneur a déjà réglé 50% du montant global de la transaction … Le solde devait être versé à la livraison.

   • Alors je vais lui vendre pour le montant de la somme restant due.

   • Ce n’est pas aussi simple que ça Capitaine. Un collectionneur d’art digne de ce nom n’achète pas d’œuvre provenant d’un vol…Ce serait du recel ... Et ce n’est pas bon pour la réputation !

   • Que me conseilles tu de faire ?

   • Négocier avec elle !

   • « Elle » ? Ton collectionneur est une femme ?

   • …Disons que quand on la voit ce n’est pas la première chose qui nous viens à l’esprit, mais oui c’est une femme. Elle s’appelle Lymna Grassi-Nietto

   • Elle est si terrible que ça ?

   • … Le dernier qui l’a vue sourire n’est pas jeune… Et si elle veut quelque chose, et elle veut ta cargaison, elle l’aura… A ses conditions…Même si pour ça elle doit te tuer… T’enfuir ne te servirait à rien, tu ne gagnerais qu’un peu de temps… et en plus ce n’est pas ton genre…

   • D’accord ! Il faut que je la rencontre … Pourrais-tu m’organiser un rendez-vous Aristéde ?

   • Pas de problème Capitaine.

Mélo vient de rentrer dans le bar, elle me cherche du regard. Je lui fais signe de venir nous rejoindre. J’adore sa façon de bouger. Lorsqu’elle marche on a parfois l’impression qu’elle ne touche plus le sol… Arrivée près de nous elle salut mon voisin.

   • Bonsoir Maitre Zaraïdés.

   • Bonsoir ma chère. Vous êtes absolument magnifique ce soir. Je me demande bien ce qu’une femme de goût telle que vous peu bien faire avec un … vieux pirate tel que Malhorne.

   • D’après ce que je sais vous n’êtes pas non plus tout à fait insensible à son ...vieux charme.

   • Mon cher Barend ça me tue de te dire ça, mais tu as toujours eu un goût exquis en matière de Femme et la délicieuse Mélo ne déroge pas à cette règle.

Sur ces mots il se lève et part rejoindre ses amis non sans nous avoir salué d’un hochement de tête accompagné de son merveilleux sourire.

Je me tourne vers Mélo.

   • Tu as fini de travailler pour ce soir ?

   • Oui. Je suis toute à toi mon cher.

Me dit ’elle en me gratifiant d’un sourire à damner tous les Dieux de la terre.

   • Et si nous allions dîner en ville ?

   • Rien que nous deux ?

   • Oui, rien que nous deux !

Et là c’est à mon tour de lui sourire comme elle seule peu me faire sourire.

L’avenue Kyrpane, artère principale de la première corniche, est noire de monde. Il fait doux. Les terrasses des auberges sont pleines. Des orchestres animent certaines petites places où des couples de danseurs s’en donnent à cœur joie.
Ma compagne adorant la cuisine traditionnelle Lenaryenne c’est donc tout naturellement que nous nous rendons à l’auberge du Moulin d’Abkad une des tables les plus courues de la ville. L’établissement dispose d’une magnifique terrasse offrant une vue imprenable sur la baie et les toits de la ville basse située environ 150 mètres en dessous.

Les plats se succèdent, tous plus bons les uns que les autres. Le vin du sud du pays, servi bien frais, accompagne à merveille les différents mets. Nous parlons beaucoup, comme d’habitude. Malgré ça je sens que Mélo est un peu tendue. Depuis quelques minutes elle jette en permanence des regards autour d’elle.

   • J’ai l’impression de dîner avec un suricate ma chère !... Que se passe-t-il ?

Elle plante ses grands yeux verts dans les miens et me lance un regard sérieux, presque triste.

   • Ça ne te dérange vraiment pas que je sois une prostituée ?

   • Pourquoi est-ce que cette question revient sur la table, là, maintenant, ce soir ?

   • Parce que justement là, maintenant, ce soir j’ai oublié pendant un moment que j’en étais une.

   • Mélo je t’ai déjà expliqué plusieurs fois pourquoi ça ne me pose pas de problèmes. La femme que tu es lorsque tu travailles n’est pas celle avec laquelle j’aime passer du temps. Lorsque tu es dans les bras d’autres hommes ou femmes tu te donnes, mais lorsque tu es dans les miens tu t’abandonnes et ça fait toute la différence.

   • Mais Barend tu es un bel homme, même si tu penses le contraire. Ta grande taille, tes cheveux blancs, ton teint hâlé et tes yeux gris bleus font que tu ne passes pas inaperçu lorsque tu arrives quelques part… Tu pourrais avoir la femme que tu veux alors pourquoi me choisir moi ?

   • Parce que TU ES la femme que je veux ! Alors je serais un fieffé menteur si je te disais que ça ne me fait jamais rien de te voir monter avec un client. Parfois ça fait un peu mal. Mais tout à un prix. Ce qui est rare est cher et si le prix à payer pour être avec une femme aussi exceptionnelle que toi c’est d’endurer ça, alors j’accepte de le payer sans aucun regret.

Nous en sommes là de nos échanges lorsqu’un homme, immense, vêtu de noir s’approche de notre table.

   • Capitaine Barend Malhorne, Madame, désolé de vous interrompre. Je suis Ojta Marrem le secrétaire particulier de Madame Lymna Grassi-Nietto. Elle souhaiterait vous entretenir d’une affaire de la plus haute importance. Seriez-vous libre demain à 11h00 ?

J’ai comme l’impression que la dernière question n’en est pas vraiment une …Plus je regarde le dénommé Ojta plus je me dis qu’il doit plus facilement manier la hache deux tranchants que le plumier…

   • Demain 11h00 ? Je suis effectivement disponible pour rencontrer votre patronne.

   • Je viendrais donc vous chercher à 10h30 au Palais des Abysses. Je vous souhaite Madame, Monsieur, une excellente fin de soirée.

Nous regardons partir le « secrétaire particulier » …Il est encore plus impressionnant de dos…

Mélo me lance un regard noir.

   • Depuis quand tu es en affaire avec la Grassi-Nietto ?

« La Grassi-Nietto » ?  C’est la première fois que je l’entends parler de quelqu’un en ces termes…ça ne présage rien de bon.

   • Je ne l’ai encore jamais rencontrée. Aristéde nous a mis en contact car j’ai des marchandises qui pourraient l’intéresser.

   • …Des marchandises… !!! Barend, je ne me suis jamais mêlé de tes affaires et je ne vais pas commencer aujourd’hui…Mais là fait attention chéri… Elle est dangereuse …Vraiment dangereuse.

   • J’ai compris le message Mélo… je vais redoubler de prudence.

   • Tu as plutôt intérêt, parce que n’oublie jamais que si tu meurs je te tue….

Le lendemain matin, à 10h30 pétante, le toujours aussi impressionnant Ojta Marrem fait son entrée dans le Hall du Palais où je suis entrain de lire le journal.

   • Bonjour Capitaine, si vous voulez bien me suivre une calèche nous attend pour vous conduire à la demeure de Madame.

Barend, c’est elle qui fixe les règles et le tempo…Il faut rapidement reprendre la main sinon tu risques d’avoir de gros ennuis.
Des décennies à côtoyer le danger me fait le reconnaitre lorsque je le rencontre …Et là je suis en danger…Instinctivement je touche, à travers le tissu de ma veste, la fine dague que je porte toujours contre ma hanche gauche. J’ai aussi deux mini-pistolets fixés sur les avant-bras. A plus de 3 mètres ça ne fait pas grand mal, mais à bout portant et sur une zone de peau non protégé ça peut aider à faire la différence… Je sais qu’elle est dangereuse, maintenant il ne me reste plus à espérer qu’elle ignore que je le suis aussi...Tant qu’elle me pensera incapable de la tuer de sang-froid j’aurais un coup d’avance….

Capitaine Malhorne

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Message par Capitaine Malhorne Jeu 14 Juil - 9:54

Malterra Gerrassymon, Adjoint à la sécurité de Lénary, est assis derrière son immense bureau. Le plan de travail est encombré d’une quantité hallucinante de dossiers.
C’est un homme d’une soixantaine d’année. Son physique, que je qualifierai de banal, tranche avec l’intensité de son regard. Tout, chez ce haut fonctionnaire, respire l’intelligence.

C’est la troisième fois que j’ai directement à faire avec lui.

La première fois j’étais le plaignant. Un entrepôt que j’avais loué pour stocker ma cargaison avait été visité durant la nuit.

La seconde fois, une plainte avait été déposée contre moi par un type qui avait voulu jouer au malin pour impressionner la jeune femme avec laquelle il comptait, de toute évidence, passer la nuit. Je lui avais juste mis quelques gifles après l’avoir désarmé dès son premier assaut à la rapière.

La troisième fois, c’est aujourd’hui et j’attends calmement que Gerrassymon m’explique la raison de ma présence ici…Même si j’en ai une vague idée…

   • Cher Capitaine Malhorne, merci d’avoir répondu aussi vite à ma convocation.

   • C’est normal, Maitre Gerrassymon.

   • J’imagine que vous vous demandez la raison pour laquelle je vous ai demandé de venir.

   • En effet !

   • J’ai besoin de vous interroger dans le cadre d’un double homicide.

   • Un double homicide ? Et en quoi puis je vous aider ?

   • Les corps sans vie de Lymna Grassi-Nietto et de son secrétaire particulier Ojta Marrem ont été retrouvés à leur domicile, ce matin, par une femme de ménage.

   • … J’ai rencontré Madame Grassi-Nietto hier à 11H00 chez elle.

   • Nous sommes au courant, en effet. Vous semblez être la dernière personne à les avoir vu vivants. Pourriez-vous me raconter par le détail votre entrevue avec la victime.

   • Le secrétaire Marrem est venu me chercher au Palais des Abysses à 10H30. J’ai été reçu par Madame Grassi-Nietto à 11H00 précise. J’ai quitté son domicile à 11h45, de mémoire.

   • Otja Marrem ne vous a pas raccompagné ?

   • Non !… Pour ne rien vous cacher sa patronne m’avait donné rendez-vous au Rakovia à 13h00.
Le Rakovia est un établissement situé sur la seconde corniche, connu pour son cadre magnifique, ses jardins en espalier, la qualité de sa cuisine, son magnifique bar à vin et aussi et surtout, pour ses salons privés disposant de tout le confort…

   • Le Rakovia, Capitaine ?  J’ignorais que Grassi-Nietto…Pardon, que Madame Grassi-Nietto, était cliente de ce genre d’endroit !… Donc en sortant de chez elle vous vous êtes rendu directement au Rakovia ?

   • Oui. J’y suis arrivé vers 12h15, 12h30. Je me suis mis en terrasse et j’ai bu un verre en l’attendant.

   • Et ?

   • Et, elle n’est pas venue !... J’ai patienté jusqu’aux alentours de 14h00 puis je suis rentré au Palais.

   • Vous n’avez pas cherché à connaitre la raison de son absence ?

   • Non. Ce n’est pas la première fois qu’une femme me pose un lapin... De plus, Lymna Grassi-Nietto n’est pas le genre de personne à qui on demande des comptes.

   • Puis je connaitre la nature de vos échanges et la raison pour laquelle elle vous a donné rendez-vous au Rakovia ?

   • Affaires !... J’ai des marchandises qui étaient susceptibles de l’intéresser.

   • Pouvez-vous être un peu plus précis, Capitaine ?

   • J’ai eu l’occasion d’acquérir une cargaison d’œuvre d’arts, il y a quelques jours. J’avais l’intention de lui vendre une partie, voir la totalité de mon chargement.

   • Comment s’est déroulé votre entrevue ?

   • … Le début de l’entretien a été un peu … froid et tendu … Lymna Grassi-Nietto est… était, une femme…difficile et, il faut bien l’admettre, impressionnante.

   • Qu’entendez-vous par « Froid et tendu » ?

   • Elle était du genre à avoir ce qu’elle voulait…Et elle voulait ma cargaison… Nous avons discuté prix…. Pour ne rien vous cacher, je n’étais pas vraiment en position de force…. La cargaison que j’ai arraisonnée lui était destinée… et elle avait déjà payé 50% à la commande auprès du collectionneur d’art ….

   • Et donc ?

   • Je lui ai vendu le lot à un prix…compétitif … !

   • Et c’est tout ?

   • …Non ! … Il semblerait qu’elle m’ait trouvé à son goût …. D’où l’invitation au Rakovia.

   • Et vous avez accepté cette invitation alors même que vous la trouvez, pour reprendre vos termes, « difficile » et « impressionnante » ?
   • Quand il y a une grosse somme en jeu, je suis prêt à faire beaucoup de choses, Maitre….

   • Je vois ! …. Où se trouvait Ojta Marrem durant tout ce temps ?

   • Il n’a pas quitté la pièce.

   • Vous n’avez rien noté de particulier Capitaine ?

   • … Si ! … J’ai trouvé que, pour un secrétaire particulier, il avait un regard plus possessif que protecteur, lorsqu’il regardait sa patronne.

   • Vous pouvez développer ?

   • …Lorsque que Lymna Grassi-Nietto a commencé à me sourire et me proposer que l’on déjeune ensemble j’ai bien vu qu’il était jaloux, voir même en colère.

   • Vous pensez que Marrem était amoureux de sa patronne ?

   • Ce ne serait pas le premier secrétaire particulier à avoir des sentiments pour son employeur !

   • Vous pensez que l’on est en face d’un crime passionnel ?

   • Je ne pense rien Maitre Gerrassymon, je me contente de répondre à vos questions.

   • … Et bien je vous remercie pour votre coopération Capitaine Malhorne.

   • Je reste à votre entière disposition Maitre.

   • …ça ne vous intéresse pas, Capitaine, de savoir ce que je pense qu’il s’est passé hier, dans le bureau de Lymna Grassi-Nietto ?

   • Si bien entendu, mais je pensais que ces informations, à ce niveau de votre enquête, étaient confidentielles.

   • Elles le sont…Mais les informations que vous m’avez données me permettent d’y voir plus clair… Nous avons trouvé les deux corps cote à cote. Otja Marrem avait les deux mains autour du cou de Mme Grassi-Nietto, il l’a de toute évidence étranglée. Mais avant de mourir, surement dans un dernier geste désespéré, sa patronne lui a planté une fine dague dans l’œil droit, le tuant, très certainement sur le coup… On est donc fasse à un simple et banal crime passionnel…

   •  …

   • Encore merci Capitaine Malhorne…Je ne vous raccompagne pas… Comme vous pouvez le voir j’ai un nombre conséquent de dossiers à traiter, très certainement plus compliqués que celui qui nous intéresse. Bonne fin de journée.

   • Bonne fin de journée Maitre Gerrassymon.
En rentrant au Palais je passe par le Salon des rencontres. Beaucoup de pensionnaires sont sur les canapés mais Mélo n’y est pas. Elle doit être avec un client.

Je me dirige vers le bar et commande un triple Grem sans glace. J’allume un fin cigare et regarde la fumée s’élever doucement vers les magnifiques moulures ornant le plafond de la pièce. Tout à mes pensées je n’entends pas Mélo arriver. Elle se colle contre mon dos en me serrant dans ses bras.

   • Tu as l’air pensif mon cœur ?

Elle pose ses mains sur mes hanches pour me faire pivoter et m’avoir en face d’elle. Lorsque je croise son regard je sens instinctivement que quelque chose ne va pas …

   • C’est la première fois en 4 ans, Barend, que tu ne portes pas ta fine dague sur le côté…

Je sais qu’elle sait …Elle sait que j’avais rendez-vous à la Sécurité intérieure… Et elle se doute de la raison pour laquelle j’ai été convoqué…

   • Je l’ai égarée Mélo… Je l’ai égarée…

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Allez ! On y retourne ! Empty Les Chroniques de Malhorne : « Mourir en héros, c’est mourir quand même ! ».

Message par Capitaine Malhorne Jeu 21 Juil - 13:02

Du haut des remparts de la cité-forteresse de Sully-Ram je contemple le gigantesque campement des troupes de la Coalition des 4 Duchés, qui assiège la place forte depuis maintenant près de 3 mois.

Urgul se tient à mes côtés. Comme à son habitude, il mange. Cette fois ci se sont des noix. Le silence ambiant n’est brisé que par le bruit des rafales de vent faisant claquer les étendards et le craquement sinistre des coques se brisant entre les gigantesques mains de l’Orc.

Pour une personne non habituée il donne l’air de ne pas vraiment s’intéresser à ce qui se passe devant nous. Son regard va du creux de sa main, où il trie délicatement les cerneaux de noix des éclats de coque, au campement qui occupe une grande partie de l’horizon.

   • Ça vient de moi ou ils sont de plus en plus nombreux ?

   • Non …ça ne vient pas de toi …

   • Barend, je ne voudrais pas te paraitre pessimiste mais je crains qu’on ait pas le cul sorti des ronces cette fois ci….

   • Tu peux développer ?

   • … Il faut qu’on se tire d’ici Chef…. Soit on meurt de faim, soit on se faire massacrer. Au choix.

   • Je suis d’accord avec toi…Mais il y a des civils…Si on part qui va les protéger ?

   • Il y a des troupes régulières, c’est leur boulot …. Nous sommes des mercenaires !

   • Ils n’ont pas le niveau Urgul …. Sinon ils ne nous auraient pas engagés…

   • Barend, je peux te poser une question ?

Les yeux de l‘Orc se posent sur le campement. Doucement il tourne la tête vers moi.

   • Sincèrement, penses-tu que nous soyons en mesure d’inverser le cours de la bataille ?

   • Sincèrement ? … Non !

   •  Tu m’as toujours dit, depuis le jour où tu m’as récupéré, blessé, au fond de ce vallon brumeux que, « Mourir en héros c’est mourir quand même ! ».

   • … C’est vrai….Tu as raison.

   • Alors qu’est ce qu’on fait Commandant ?

   • …On se tire de ce merdier ! ... Préviens les hommes qu’on part à la tombée de la nuit. On va passer par les égouts. Dit à Drameyn et Gyldha de passer en tête et d’étudier la fréquence de relève des sentinelles ennemies qui se trouvent à la sortie.

   • OK chef.

Je le regarde s’éloigner, le craquement des coques de noix dans ses mains accompagnent son pas faussement lourd.
Ce type est mon frère. Certes, c’est un Orc et je suis un Humain, mais je ne me suis jamais senti aussi proche d’un compagnon d’arme que de lui. Nous ne comptons plus, ni lui ni moi, le nombre de fois où nous nous sommes sauvé la vie…Et je crois pouvoir dire sans me tromper que nous nous en foutons royalement.

D’habitude je n’aime pas partir sans dire au revoir, mais dans le cas présent notre employeur étant un sacré salopard, je vais le faire.

Il a engagé ma compagnie pour faire de la formation auprès de ses troupes « d’élites » qui n’avaient en fait « d’élite » que le nom. Moins d’une semaine après notre arrivée nous nous sommes réveillé un matin, avec les portes de la ville forteresse fermées et une armée ennemie entrain de s’installer au pied des remparts. Lorsque j’ai voulu négocier avec lui notre départ il a tout simplement refusé de me rencontrer. Cela fait donc 3 mois que nous sommes coincés ici.
Quand je pénètre dans la cour du bâtiment où mon unité est installée, je ne note rien de différent à d’habitude, mais je sais que par roulement de 5 à 10 personnes et ce pour ne pas attirer l’attention, les 150 hommes et femmes composant la compagnie vont préparer leur paquetage pour que tout le monde soit prêt à partir à mon signal.

J’organise un point avec les officiers et sous-officiers.

   • Dès que nous aurons les informations concernant les sentinelles postées à la sortie des égouts nous partirons. Obtham je veux que 2 gars partent immédiatement repérer où se situe l’enclos à chevaux le plus proche de notre point de sortie.

   • Bien Commandant !

   • Nous sommes 150, ça ne va donc pas être facile de passer inaperçu même de nuit. Il nous faut une ou plusieurs diversions. Des idées ?

   • On peut foutre le feu à quelques tentes … C’est classique, mais toujours efficace !…

   • Merci Urgul …. Je reconnais bien là ton style …. D’autres idées ?

   • Lors de ma dernière incursion nocturne dans leur camp j’ai repéré la tente ou leur état-major à l’habitude de diner.

   • Tu penses à quoi Géram ?

   • Je me disais, Commandant, qu’on pourrait leur laisser un souvenir de notre passage ….

   • De quel genre ?

   • Comme on ne va pas pouvoir se les faire, même au couteau, on pourrait utiliser quelque chose de moins bruyant du type… poison !

Je regarde le dénommé Géram, que nous appelons l’ombre…. 1m55, maigre comme un clou, tout en muscles, la peau foncée et des yeux bleus. Il porte sur lui plus de couteaux de lancer, de poignards et autres dagues que ce que l’on peut trouver dans la devanture d’un coutelier.

   • J’aime bien ton idée l’Ombre, mais elle ne créera pas suffisamment de bruits et de désorganisation pour nous permettre de nous enfuir sans être vus…On va faire un mélange de vos propositions. Urgul tu fous le feu à tout ce que tu trouves et pendant ce temps Géram empoisonne la bouffe des officiers, dans le même temps je veux que l’on mette le feu près de l’enclos à chevaux le plus éloigné de celui dans lequel nous allons nous servir.

L’Ombre lève la main pour demander la parole.

   • Oui Géram !

   • Commandant, comme je vais déjà être au centre du campement, je peux me charger de foutre le feu à l’enclos. Je vous rejoindrais près du lac vert à la sortie de la forêt.

   • D’accord ! On fait comme ça ! Attendons le retour de Gyldha et Drameyn. Reposez-vous et mangez un bout, on ne sait pas quand nous aurons de nouveau le temps de le faire. Normalement, après la forêt de Cleymsir il ne devrait plus y avoir de danger. Nous allons passer par les monts de Hams pour éviter de croiser leurs routes de ravitaillement. Si jamais nous sommes séparés, rendez-vous au campement de la passe d’Orric. Je vous laisse transmettre ces informations à vos hommes. Des questions ?

Lypa, une Naine qui fait partie de mon unité depuis de nombreuses années s’avance vers moi.

   • Commandant nous partons donc sans dire au revoir à notre employeur ?
Je regarde cette incroyable guerrière qui me fait face. Son regard sombre est intense sans être provoquant. Son visage, barré par une impressionnante cicatrice, est marqué par les années de guerre et de privation. Elle fait partie de ces personnes qu’il vaut mieux avoir de son côté qu’en face de soi.

   • Effectivement Sergent …. J’ai néanmoins hésité à lui rendre une petite visite …Mais la ville va avoir besoin de toutes ses forces pour résister aux assauts qui s’annoncent… Le tuer ne ferait que désorganiser la chaine de commandement… Et ce n’est pas le moment …

   • Bien Commandant !

A la tombée de la nuit Gyldha se présente à la porte de la pièce me servant, depuis 3 mois, de chambre, de bureau et de salle de réunion. Je lui fais signe d’entrer.
Gyldha, de son nom complet Gyldha Avameravem, est une Elfe. Elle est incontestablement le meilleur éclaireur de la compagnie. Même encore aujourd’hui elle a le don de me faire sursauter en apparaissant subitement devant …ou derrière, moi. Je la soupçonne de prendre un malin plaisir à me faire peur de la sorte … Mais elle a l’élégance de le faire que lorsque je suis seul.

   • Bonsoir Commandant.

   • Bonsoir Gyldha.

   • La relève des gardes postés à la sortie des égouts se fait toutes les 3 heures. Ils sont 4. Ils passent le plus clair de leur temps à jouer aux dés.

   • Quand aura lieu la prochaine relève ?

   • Dans 2h00 Commandant.

   • Parfait !

Comme à son habitude Urgul apparait dans l’encadrement de la porte pile au moment où j’allais le faire demander. Je n’ai jamais compris comment il faisait ça…et j’ai arrêté de chercher.

   • Urgul, on lève le camp dans une heure.

   • Bien Chef. Je préviens les hommes.

L’Ombre et Gyldha ouvrent la marche. La puanteur est insupportable. Nous avons de l’eau jusqu’aux genoux.  A une centaine de mètres environ de la sortie du collecteur nous stoppons notre progression. Les 2 éclaireurs partent en avant rejoindre Drameyn qui est resté à l’extérieur pour surveiller les sentinelles. Moins de 15 minutes plus tard nous sortons tous des égouts. Les corps des 4 sentinelles sont entassés, nus. 4 hommes s’empressent de revêtir les uniformes des soldats de la coalition et rejoignent le poste de garde.

Sans un mot, Urgul, accompagné de 5 hommes, s’enfonce dans la nuit en direction du camp. L’Ombre quant à elle a déjà disparue. Le reste de la compagnie, guidé par Drameyn, prend la direction de l’enclos à chevaux situé le plus à l’Est du camp. Nous progressons lentement.

La nuit est claire mais heureusement de nombreux nuages nous permettent de profiter d’une obscurité, certes passagère, mais suffisante pour avancer discrètement.

Subitement, à l’ouest, une énorme explosion embrase la nuit. Lypa qui progresse juste devant moi se retourne, un léger sourire aux lèvres.

   • Il semblerait, Commandant, qu’Urgul ait trouvé leur dépôt de poudre….

… Je n’ai pas fini de l’entendre fanfaronner….

Quelques minutes plus tard l’ensemble de la compagnie chevauche, à bride abattue, dans la nuit.

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Message par Capitaine Malhorne Jeu 28 Juil - 19:51

Marée haute.

Debout à la barre, j’engage le Narval dans l’impressionnante passe de Vayrym.

De chaque côté de l’étroit chenal se dressent de hautes falaises recouvertes d’une végétation luxuriante. Les cris stridents des milliers d’oiseaux nichant dans les parois, résonnent entre ces imposantes murailles naturelles, défendant l’accès à la ville.

Au bout de quelques centaines de mètres le navire débouche sur une immense caldera envahie par la mer. En son centre se dresse un gigantesque piton rocheux d’environ 1 kilomètre de diamètre sur près de 300 mètres de haut.
Ce n’est que lorsque l’on approche de cette imposante structure monolithique que l’on se rend compte qu’elle est creusée d’une multitude d’ouvertures et de plateformes équipées de grues et autres palans servant au chargement et déchargement des soutes de plusieurs dizaines de navires ancrés à sa base.

La configuration de la caldera n’offrant pas la possibilité à la ville de Vayrym de disposer d’un accès direct à la mer, la Tour, telle que tous la nomment, tient lieu de port pour la grande cité commerçante.

Le Narval jette l’ancre.

Accompagné de Jebetta Raam, mon second maitre, j’embarque à bord de l’annexe, direction la Tour.

Quelques minutes plus tard nous prenons pied sur le quai N°2, dédié aux arrivées des personnes, le N°1 étant, quant à lui, réservé aux marchandises. Je me dirige vers le comptoir de la commanderie du port pour enregistrer le Narval et payer les différentes taxes en vigueur à Vayrym.

Une fois ces formalités effectuées nous empruntons un des 6 grands ascenseurs permettant d’accéder au système de transport des passagers et marchandises situé 100 mètres en dessous de la base de la Tour.
Après à peine 2 minutes de descente les portes s’ouvrent et nous sortons sur le quai donnant accès au système de transport souterrain de la ville, plus connu sous le nom de Chenillard.

Il est tôt. Le quai est presque désert.

Une voiture se présente à quai. Le conducteur tire fermement sur le grand levier en métal situé devant lui pour désenclencher le système d’accroche de la voiture, du câble de traction courant au sol entre les rails sur lesquels circulent les voitures. Dans le même temps il lance un coup de pied rageur à un autre levier situé sur sa gauche et servant, de toute évidence, à actionner les freins. Dans un crissement métallique le Chenillard s’arrête devant nous.
Jebetta et moi prenons place, avec quelques autres passagers, sur une des banquettes en bois équipant l’intérieur de la voiture.

Quelques secondes plus tard, le conducteur, apparemment toujours aussi énervé, agite la cloche située au-dessus de lui, signalant ainsi le départ imminent de la voiture et sans regarder derrière lui, il pousse violement le levier enclenchant le système de tractage. La secousse nous arrache un gémissement de surprise. La voiture bondit presque hors des rails avant de se stabiliser et de filer, un peu trop vite à mon goût, dans le tunnel, sombre, de près de 2 kilomètres menant à la ville.

Vayrym n’est pas vraiment une cité que j’apprécie, mais on peut néanmoins y réaliser de bonnes affaires.
Ville sans charmes particuliers, toute entière tournée vers le commerce, elle est composée d’une population cosmopolite qui ne reste, en moyenne, que quelques mois, ou années, le temps de faire fortune, ou pas et qui repart vers d’autres horizons.
Malgré tout, un des points positifs de cette mosaïque culturelle est que le centre historique de la ville regorge d’auberges et autres tavernes permettant de goûter toutes les cuisines et alcools du monde connu.

Il y a 2 mois, j’ai accepté une lettre de course émise par le Haut Conseil de la ville. Ma mission consistait à harceler les navires du Royaume de Kosh qui utilisaient une route commerciale longeant la côte Est de la province de Samnay, dont Vayrym est la capitale.  Cette route lui permettant de gagner beaucoup de temps, Kosh pouvait inonder le marché du Sultanat du Whaadi de fruits, légumes et autres produits frais, pratiquement introuvables dans ce territoire quasi désertique.

Cette concurrence féroce commençant à impacter lourdement l’économie de Samnay, le Haut Conseil à donc décidé d’avoir recours à des bateaux pirates, sous contrat, pour obliger Kosh à revenir à son ancienne route commerciale, beaucoup plus longue et donc ne lui permettant pas de livrer des marchandises périssables.

Les cales du Narval sont remplies à ras bord de marchandises, mais même si la ville est un des hauts lieux du commerce, je ne les vendrais pas ici, ces dernières seront beaucoup plus exotiques et donc beaucoup plus chères, pour des clients des contrées de l’Ouest.

Les rues de la ville sont noires de monde.  Jebetta s’attarde devant les étals de certaines boutiques. Même si elle n’en porte plus, elle adore toujours regarder les robes exposées dans les vitrines. Je marche quelques pas derrière elle. J’aime la voir sourire.

Jebetta navigue avec moi depuis bientôt 3 ans. Je l’ai découverte à bord d’un navire que je venais de capturer. Elle était enchainée à fond de cale, dans un état effroyable. Je l’ai installée sur le Narval, dans une minuscule cabine proche de la mienne, la confiant aux bons soins de Rebecca Derama, notre médecin de bord.

Il lui a fallu près de 2 mois pour oser sortir de sa cabine en plein jour. Il lui en aura fallu 4 de plus pour que j’entende le son de sa voix.

Un soir, près d’un an après son arrivée sur le Narval, elle est entrée dans ma cabine, sans même frapper et s’est assise en face de moi, plantant pour la première fois ses yeux marrons dans les miens. Là, après un long silence, elle s’est mise à parler … et elle a parlé toute la nuit.

Fille cadette d’une des grandes familles de la noblesse de Sarangué, le plus grand Royaume du Grand Sud, elle a été faite prisonnière lors de l’attaque de son navire.

Jebetta est une jeune femme de 26 ans, excessivement intelligente, cultivée et à ce que j’ai pu découvrir au fil du temps, maitrisant pas moins de 5 langues différentes. Grande et mince, avec un physique androgyne, elle s’est révélée être un magnifique bretteur avec lequel j’aime m’entrainer.

Je lui ai proposé à plusieurs reprises de rentrer chez elle, mais elle a toujours refusé. Un jour je lui ai demandé pourquoi et elle me donna cette réponse :

   • Je suis morte le jour où j’ai été capturée. La femme que tu as ramenée à la vie n’est pas celle qui avait embarqué sur ce navire qui devait l’emmener, contre son gré, vers une nouvelle vie, dans un nouveau royaume, auprès d’un mari qu’elle ne rencontrerait que le jour de ses noces. Noces auxquelles aucun membre de sa famille n’assisterait… Plus que de me sauver la vie, tu m’as redonné l’envie de vivre, Barend…Ma vie, cette vie, n’a de sens que si je reste à tes côtés…Je te l’ai déjà dit …Mon père biologique ne m’a rien donné durant toute ma vie et pour finir, il m’a vendu à une autre famille contre un vulgaire contrat d’exclusivité commerciale…Toi tu m’as sauvée. Avec l’équipage du Narval, tu m’as offert une nouvelle famille. Tu m’as réappris à communiquer, à sourire, à rire, à vivre, à aimer…Tu m’as donné la vie, plus que mon propre géniteur. Désormais tu es et tu resteras à jamais, mon Père.

Après avoir pris un copieux petit déjeuner nous nous dirigeons vers le quartier des comptoirs de réapprovisionnement pour les navires en escale. Je me rends dans les bureaux de Bert Kampfer un intermédiaire avec lequel j’ai l’habitude de travailler. Je lui dépose la liste des marchandises dont j’ai besoin pour le Narval. Après un rapide coup d’œil à cette dernière il m’indique qu’il sera en mesure de livrer la totalité avant le coucher du soleil.

Nous nous mettons d’accord sur les prix. Je lui règle la somme demandée plus une confortable prime.  La qualité se paye. Beaucoup seraient enclin à penser que je lui fais un cadeau, je vois plutôt ça comme un investissement.

Le secret d’une longue et belle vie est très simple : Savoir s’entourer des bonnes personnes et ce quel que soit le domaine.

Amour, Amitié, Affaires. Les « 3 A ». Si un des trois dysfonctionne, c’est l’ensemble qui dysfonctionne… J’ai mis longtemps à comprendre cela …

Le problème du réapprovisionnement du Narval étant réglé et comme il est presque midi, nous décidons de nous installer à la terrasse d’une taverne située sur la place d’Amnys au centre de laquelle trône l’immense fontaine du même nom.

Nous n’avons rendez-vous qu’en milieu d’après-midi dans les bureaux du Haut-Conseil pour rendre compte de notre mission et surtout de son succès : 12 navires attaqués ! 12 navires coulés ! le tout en seulement 2 mois. Nous avons donc largement le temps de nous offrir un bon repas, en tête à tête, ce qui est, somme toute, assez rare.

Nous terminons tranquillement notre repas lorsqu’une voix de stentor retenti derrière moi, juste avant qu’une main plus large qu’une pelle à grains ne s’abatte sur mon épaule droite, la réduisant quasiment en bouillie.

   • Capitaine Barend Malhorne !!!! le seul pirate naviguant à bord d’une barque de pêche !!!

Je n’ai pas besoin de me retourner pour identifier Salmar Gachtem, commandant, du bien nommé, Terreur, un 5 mâts avec 4 ponts et 100 canons, servi par un équipage surentrainé de 200 hommes et femmes. Si vous rajoutez à ça que, le dit Gachtem, s’avère être un très grand commandant, fin stratège lors des phases d’approche et féroce combattant lors des séquences d’abordage, le Terreur mérite amplement son nom ainsi que sa réputation de « Cauchemar des mers ».
Sans me retourner je lui fais signe de s’asseoir à notre table.

Jebetta arbore un magnifique sourire…qui m’agace un peu. Il faut dire que Salmar est un très grand et très bel homme, courtois, cultivé, respectueux de la gente féminine et doté d’un sourire ravageur, rien d’étonnant à ce que les femmes fondent totalement en sa présence. Pour terminer cette rapide présentation, c’est quelqu’un que j’apprécie vraiment et je sais qu’il me le rend bien. C’est une des très rares personnes dans le métier, à qui je sais pouvoir tourner le dos sans craindre de me faire poignarder.

   • Bonjour Jebetta, bonjour Barend. Content de vous voir.

   • Ça nous fait plaisir aussi. Ça fait une éternité que l’on ne s’est pas croisé.

   • Effectivement. Je suppose que tu es ici pour la même chose que moi.

   • Fort probable. Nous avons rendez-vous en milieu d’après-midi dans les bureaux du Haut Conseil.

   • J’en sors !

Tout sourire a désormais disparu du visage du jeune Capitaine. Je le regarde dans les yeux. On ne rigole plus.

   • Un problème Salmar ?

   • Possible ! … Je crains qu’on ait des soucis avec Kosh. Ils sont vraiment en rogne. On leur a envoyé un paquet de vaisseaux par le fond…

   • On était combien, d’après toi, à avoir des lettres de course ?

   • Je dirais une trentaine et pas des débutants. D’après ce que je sais il y a l’Armada de l’Hydre Ecarlate, celle de la Main Sanglante, celle de la Morsure de l’Hiver. On m’a dit qu’il y avait aussi la Fraternité Rouge ainsi que la Gaufre Bleue.

   • Avec le Narval on a croisé la route de La Cassandre accompagnée du St Anne et de l’Isis et j’ai même aperçu le Pélican près du détroit de Chaffrem.

   • Effectivement c’est quasiment ce qui se fait de mieux en matière de piraterie…si tu veux mon avis c’est le moment d’investir dans la construction navale à Kosh parce qu’ils vont avoir besoin de reconstituer leur flotte au plus vite.

   • …

   • Barend, un ambassadeur Koshyte est présent en ce moment même au Haut Conseil. Si tu veux mon avis, règle tes affaires et dégage au plus vite d’ici. Connaissant les Koshytes je pense qu’ils vont mobiliser, si ce n’est pas déjà fait, une partie de leur flotte de guerre pour nous chasser.

   • Tu as prévu quoi avec le Terreur ?

   • Je lève l’ancre dans 3 heures, à marée haute, pourquoi ? Tu veux que je t’attende ?

   • Non ! Tire-toi d’ici. Tu es trop lent avec ta péniche, tu ne ferais que me retarder.

Nous échangeons un grand sourire. Il se lève et se penche à l’oreille de Jebetta. Je n’entends pas ce qu’il lui dit mais elle devient rouge comme une tomate.

   • Doucement Capitaine Gachtem. Un peu de tenue avec mon second maitre.

   • Bien… Beau-père !

Et il s’en va dans un rire tonitruant. Jebetta a la tête plongée dans son assiette. Sa frange ne réussit pas à masquer son visage écarlate.

Il règne une agitation anormale dans les couloirs du bâtiment accueillant les bureaux du Haut Conseil. Beaucoup d’uniformes… Beaucoup trop à mon goût.

Je reconnais les tenues portées par la marine de Samnay, celles du Royaume de Kosh, mais aussi et c’est plus surprenant, l’uniforme de la Garde Consulaire de l’Alliance de Geyrym, cette dernière assurant la sécurité des ambassadeurs de l’Alliance partout dans le monde connu.

Jebetta se penche vers moi

   • Que fait l’Alliance de Geyrym aussi loin dans l’Est ?

   • Je n’en ai pas la moindre idée… Essaye de te renseigner !

   • Bien Capitaine.

Je me dirige vers une des grandes baies ouvrant sur les jardins. L’horloge de la salle marque 15h30. Encore ½ heure avant mon rendez-vous.

La tension est palpable. J’ai reconnu certains de mes confrères. Nous nous sommes salué d’un simple signe de tête. Ce n’est pas la peine de provoquer les Koshytes.

Un mouvement se produit au fond de la salle. Un Koshyte, surement Amiral, vu son uniforme, traverse la foule, accompagné de 3 autres officiers. Un civil se précipite vers lui et prononce quelques mots en me montrant du doigt…

…C’est pas bon ça ! …

L’Amiral tourne la tête dans ma direction et après quelques secondes me fait signe d’approcher. Je le regarde un long moment droit dans les yeux sans bouger d’un millimètre. Tout en ne me lâchant pas des yeux il s’adresse à voix basse à l’un de ses Officiers, qui se dirige vers moi, d’un pas décidé.

   • Quand l’Amiral vous intime l’ordre de venir, vous vous exécutez immédiatement, sale Pirate.

Le Koshyte ma craché ces derniers mots en se tenant à seulement quelques centimètres de moi… Grave erreur… Je lui donne un énorme coup de tête qui lui explose le nez. Je me recule de 2 pas et lui lance un grand coup de pied dans les parties. Il s’effondre au sol et tombe sur le côté en gémissant. Je lui administre un dernier coup de botte en plein visage pour le faire taire.

La scène n’a pas durée plus de quelques secondes. Il règne désormais un silence de mort dans la salle.

Je me dirige doucement vers l’Amiral. Un de ses officiers dégaine son arme et se place devant son supérieur. J’aperçois le second officier entrain de lever doucement les mains en l’air, Jebetta lui ayant collé le canon de son pistolet contre la nuque.

   • Amiral ! Deux options s’offrent à nous. Soit nous continuons nos échanges dans la veine de ce qui vient de se passer. Soit nous privilégions le dialogue. A vous de voir.

   • Monsieur Malhorne je ne pense pas que vous connaissiez autre chose que la force…

   • CAPITAINE , Amiral et non MONSIEUR.

   • Je n’utilise le grade de Capitaine que lorsque je m’adresse à de vrais marins, ceux qui se battent, comme moi, pour l’Honneur et non pour l’argent, tel que vous le faite !

   • … Cela nous fait donc un point commun.

   • Je ne vois vraiment pas en quoi.

   • …Nous nous battons tous les deux pour ce qui nous manque le plus…Monsieur.
L’officier accompagnant l’Amiral, rouge de colère, s’avance vers moi avec de toute évidence la ferme intention d’en découdre.

   • Stop Capitaine ! Si vous voulez voir le soleil se coucher vous feriez bien de rengainer cette épée.
L’Amiral part d’un immense éclat de rire, un peu forcé.

   • Là, Malhorne, vos techniques de combat à peine digne des bagarres de tavernes, ne vont pas faire le poids face à un bretteur du niveau du Capitaine Servetti, qui, à titre d’information et réputé pour être une des 2 ou 3 plus fines lames du Royaume.

   • Laisse-le-moi, Barend !

La voix de Jebetta vient de résonner sous les hauts plafonds de la salle, surprenant tout le monde, moi y compris. Elle s’avance vers moi tout en rengainant son pistolet.

   • Laisse le moi s’il te plait !

Le Koshyte est totalement interloqué fasse à cette jeune femme qui ne semble absolument pas s’occuper de lui, toute à la demande qu’elle effectue à son Capitaine.

   • Bien, second maitre Raam, il est à vous.

Jebetta se tourne doucement vers l’officier qui ne semble pas encore avoir totalement réalisé ce qu’il est entrain de se passer. Elle enlève son baudrier et dégaine son épée. Le Koshyte semblant sortir de sa torpeur éclate d’un rire nerveux.

   • Une femme ! Tu n’as aucun honneur sale Pirate ! Etre défendu par une femme !

   • Ça change quoi que ce soit une femme ? Si c’avait été un homme tu l’aurais mieux vécu ?

   • Je vais régler son compte à ta copine et ensuite je m’occupe de toi !

   • Ce n’est pas ma copine…c’est ma fille… C’est pour cette raison que je la laisse jouer avec toi …Je n’ai jamais rien pu lui refuser.

L’officier se tourne vers Jebetta et lance une attaque puissante, la jeune femme esquive et contre sans bouger d’un centimètre.

   • La célèbre école d’escrime de Kosh. Ouverture avec une attaque puissante. Une botte de Rametti ou l’attaque lourde de Gamnietto. Que du très classique, Capitaine.

   • Le fait que tu connaisses l’école Koshyte ne fait pas de toi une escrimeuse petite…

Le capitaine lance une série d’attaques rapides à courte et moyenne distance. Les lames s’entrechoquent avec un tintement cristallin. Jebbeta contre, esquive, rompt, se replace et contre de nouveau. Elle ne porte aucune attaque. Tout le monde se rend compte, le Koshyte compris, qu’elle est entrain de jouer avec son adversaire.

L’officier perd ses nerfs et se lance dans une série d’attaques violentes, toutes en force. La jeune pirate esquive et lance un coup d’estoc en plongeant sous la dernière attaque de son adversaire. Ce dernier totalement surpris par cette manœuvre recule instinctivement tout en restant lui aussi en position d’estoc pour obliger la jeune femme à couper son attaque.

En faisant ça il commet l’erreur de changer son pied d’appui. Il est droitier mais il se retrouve avec le pied gauche en appui avant. De fait, son attaque d’estoc est trop courte et en plus elle le déséquilibre.

Jebetta pare en quarte sur le haut de l’épée de son adversaire et avec une rapidité déconcertante, glisse la pointe de sa lame entre les entrelacs de métal constituant la magnifique coque de la rapière de l’officier et d’un geste sec du poignet, le désarme.

L’épée du Koshyte s’envole et retombe sur le sol dans un bruit de verre brisé. Un murmure parcourt l’assemblée. Le Capitaine regarde sa lame au sol, hébété. Lorsqu’il reprend ses esprits il a la pointe de la rapière de la jeune pirate posée contre sa gorge.

   • …Comment ? …. Comment …. ?

Jebetta le regarde, la tête légèrement inclinée sur la droite, un léger sourire aux lèvres.

   • Comment ? Capitaine !  C’est assez simple. Vous êtes un bretteur formé à l’école de Kosh. L’excellente école de Kosh serais-je tenté de dire. Vous avez donc suivi les enseignements de Maitre Garapellini n’est-ce pas, ou tout du moins de l’un de ses disciples. Connaissez-vous l’histoire de votre Maitre d’arme ? … Il fût l’élève de Taldo Garanassian. Ce nom ne vous dit très certainement rien, mais dans le cercle très fermé des Maitres d’armes il est considéré comme le meilleur. Garanassian n’a formé, en tout et pour tout, qu’une dizaine d‘élèves dans sa vie. Gueldo Garapellini fut l’un d’eux. Le vieux Maitre avait néanmoins une condition, non négociable, pour commencer à former un nouvel élève. Ce dernier, une fois sa formation terminée, ne devrait jamais enseigner les techniques apprises auprès de lui.
Maitre Garapellini a accepté cette demande et à son retour à Kosh il a commencé à développer des techniques à même de contrer celles de son Maitre. Il y est parvenu, mais en partie seulement. D’après la légende il existerait 4 attaques et contre-attaques crées par Garanassian que votre Maitre n’a jamais réussi à contrer totalement… Je viens de vous en faire une …

Tout en parlant la jeune femme a ramassé l’arme de son adversaire et la lui a ramenée. Complétement sonné le jeune officier prend son épée et la rengaine. Jebetta récupère son baudrier que je lui tends, rengaine son arme, se tourne vers un miroir fixé au mur derrière elle, remet en place quelques mèches de cheveux, ajuste son chapeau et se tourne vers moi.

   • Il est bientôt 16h00 Capitaine, nous devrions y aller !

L’Amiral qui est resté silencieux jusqu’à maintenant, s’approche de moi.

   • Malhorne ! Je vais te retrouver et je te ferais payer pour tous tes méfaits.

Je m’approche de lui et colle mon visage à quelques centimètres du sien et d’un voix blanche et quasi inaudible le lui dit :

   • Je serais toi je prierais pour ne jamais recroiser ma route. Je viens de couler une douzaine de tes navires, donc en envoyer un de plus par le fond ne me posera aucun problème. Alors arrête de faire le malin avec ton uniforme de gala et tes décorations gagnées par tes hommes et que seul toi arbore. Tes pitoyables menaces me font sourire. Maintenant dégage de ma vue. Tu ne peux rien faire de plus ici car tu n’es pas chez toi et sur mer tu peux toujours tenter ta chance… Second Maitre Raam, on y va !

Jebetta et moi fendons la foule amassée dans le grand salon, en direction de la porte donnant accès aux bureaux du Haut Conseil. Un vaguemestre contrôle notre convocation et après un bref salut de la tête nous ouvre la porte.

   • Capitaine, Madame, merci de vous rendre au bureau des affaires maritimes, au premier étage, Maitre Harffer vous attend.

Le dénommé Harffer est un homme d’une cinquantaine d’année, grand, avec une cage thoracique incroyablement développée et des épaules plus larges que celles d’Urgul. Il lui manque le bras gauche, sectionné au niveau du coude, ainsi que la jambe gauche, sectionnée, elle, juste au-dessus du genou.

   • Bonjour Maitre Harffer.

Le manchot relève la tête du document qu’il est entrain de lire.

   • Assied toi Barend.

Le Haut Conseiller en charge des affaires maritimes ne jette même pas un regard à Jebetta. J’ai pris le soin de la prévenir avant notre rendez-vous, lui expliquant que Harffer a du mal avec les femmes et plus particulièrement, comme c’est le cas, avec les femmes occupant des fonctions traditionnellement occupées par des hommes. Elle se contente donc de rester debout derrière moi. J’attends que le Conseiller reprenne la parole.

   • Tu n’as pas fait les choses à moitié, à l’instant, dans le grand salon.

   • Les types dans son genre ont toujours eu tendance à m’agacer…

   • C’est quand même un Amiral de la flotte Koshyte, envoyé de la couronne auprès du Haut Conseil de Samnay…

   • Je ne l’ai même pas touché et il est encore en vie….

   • Te connaissant c’est effectivement un miracle… Revenons à nos affaires. Premièrement merci de me restituer ta lettre de course puisque ta mission est terminée.

Je lui tends le document sur lequel j’ai consigné, comme demandé, les dates, lieux et nom des navires que j’ai coulés. Le Haut conseiller lit le document et relève la tête. Ses yeux verts se plantent dans les miens.

   • Je comprends mieux pourquoi l’Amiral Derralvi est en colère contre toi.

   • D’ailleurs à ce sujet, comment a-t-il su qui j’étais ?

   • Ne joue pas les modestes, Malhorne…Tu es une légende…

   • Arrête de te foutre de ma gueule Fulbert …

   • … Nous sommes infiltrés par des agents de Kosh et ce depuis environ 1 an. Le changement de route commercial opéré par les navires Koshytes semble être un test pour étudier notre capacité de réaction.

   • Ils n’ont pas été déçu alors… L’ensemble des navires sous lettre de courses que vous avez engagé a dû faire un véritable carnage parmi la flotte du royaume.

   • Effectivement. Nous pensons qu’ils ont vraiment été surpris par l’ampleur et la violence de notre réponse, même si Samnay ne reconnaitra jamais officiellement avoir eu recours à des navires pirates.

   • Tu penses que le Royaume de Kosh prépare quelque chose et que Samnay ne serait que la première étape ?

   • Je ne suis pas le seul à le penser !  L’Alliance de Geyrym a dépêché un Ambassadeur dans la région. Il est ici en ce moment même et doit se rendre dans la capitale Koshyte dans les prochains jours.  A ce sujet je risque d’avoir besoin de toi et comme tu vas, assurément, avoir besoin de moi pour sortir vivant de la région, on devrait pouvoir trouver un terrain d’entente.

Qu’est-ce que cette crapule est encore entrain de manigancer ? Le sourire qu’il me lance en se levant de son bureau ne me dit rien qui vaille… Il se dirige vers une petite porte située au fond de son bureau, il l’entrouvre, dit quelques mots à un interlocuteur que je n’arrive pas à voir, puis revient s’asseoir. Il fait pivoter son fauteuil et ouvre une armoire basse située derrière lui.

   • Barend, tu prends quelque chose ? Un Grem, je sais que tu es amateur ? Jebetta je vous sers quelque chose aussi.
Je jette un regard à la jeune femme. Elle me regarde avec de grands yeux ronds. Je suis aussi surpris qu’elle.

   • Je prendrais volontiers un Grem, aussi, Conseiller, s’il vous plait.

   • Vous êtes mieux éduquée que votre père ma chère…Même si ce n’est vraiment pas difficile.

   • Conseiller, merci d’éviter de saper le peu d’autorité parentale que je peux avoir sur cette jeune femme…

   • « Autorité parentale » ! Quand j’entends ça sortir de ta bouche, j’ai envie de mourir !

La petite porte où s’était rendu Harffer s’ouvre. Une femme âgée, accompagnée d’un homme d’une quarantaine d’année, entrent. Ils portent tous les deux les tenues or et noir des diplomates de l’Alliance de Geyrym.

   • Ambassadrice Sernman, permettez-moi de vous présenter le Capitaine Barend Malhorne ainsi que son Second maitre, Jebetta Raam.

La vieille femme pose les yeux sur Jebetta, un grand sourire apparait sur ses lèvres.

   • Mademoiselle, je vous félicite pour votre intervention de tout à l’heure. En plus d’être une magnifique combattante vous êtes aussi et j’en ai la confirmation en vous voyant de prés, une très belle femme.

   • Vous me flattez Excellence.

Jebetta vient de répondre à la diplomate en utilisant le Lermanien, la langue ancestrale des territoires qui constituent le cœur historique de l’Alliance de Geyrym. Cette langue n’est plus parlée que par la noblesse des 3 nations composant l’Alliance.

La diplomate, interloqué, reste sans voix pendant quelques secondes, puis elle éclate de rire.

   • Je dois dire ma chère, qu’à mon âge, je ne suis pas souvent surprise par les gens, mais là je confesse que je le suis. Où avez-vous appris notre langue ?

   • … Je l’ai étudiée… dans une autre vie, Madame…

   • Je vois … Haut Conseiller Harffer, si vous nous avez fait venir c’est que vous avez une solution à notre problème.

   • Effectivement Excellence. Le Capitaine Malhorne, ici présent, commande le Narval, un navire réputé pour sa vitesse. Il sera à même de conduire votre collaborateur au port de Marrameyn en un temps record.

Je jette un regard noir au manchot … Marrameyn ?  Marrameyn est le principal port d’attache de la flotte de l’Alliance de Geyrym. Un port militaire… Ce grand malade veut envoyer le Narval dans le plus gros port de guerre de l’Ouest… Un navire pirate ?

   • Si le Capitaine Malhorne est d’accord je le suis aussi. Il faudrait que le Conseiller Dertam ici présent, puisse être à Marrameyn dans moins de 15 jours.

Moins de 15 jours ? C’est un bateau que j’ai, pas un tapis volant !!!

   • Le Capitaine pourra le faire. N’est-ce pas Malhorne ?

Je vais le tuer !!

   • Excellence, pour que le Capitaine Malhorne puisse avoir l’esprit tranquille et se concentrer uniquement sur la navigation, j’aurais besoin que vous nous accordiez une faveur 

   • Je vous écoute Conseiller Harffer.



Le navire Amiral Koshyte, Gertam III, se balance doucement à l’ancre, à environ 1 5000 mètres de la sortie de la passe de Vayrym. Un officier posté sur le gaillard arrière scrute à la longue vue la sortie du chenal. D’un seul coup il se raidit.

   • Amiral, le Narval est en vue.

L’officier supérieur se lève de son fauteuil installé à l’ombre d’une bâche.

   • Levez l’ancre !  On envoi par le fond ce pirate de malheur.

   •  Amiral, vous devriez jeter un œil.

   • Quoi ? Qu’est ce qu’il y a encore avec cette raclure de Malhorne ?

   • Amiral, le Narval navigue sous couleurs de l’Alliance de Geyrym avec en plus le drapeau du corps diplomatique.

L’Officier arrache la longue vue des mains de son subalterne et après quelques secondes pousse un effroyable juron.

   • MALHORNE JE TE TUERAIS DE MES PROPRES MAINS !!!!

Capitaine Malhorne

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Allez ! On y retourne ! Empty Fragments de rêves de sable.

Message par Capitaine Malhorne Mer 5 Avr - 16:35

Le Narval gite dangereusement sur bâbord, il lui manque un mât, ses flancs sont criblés d’impacts de boulets, son infirmerie est pleine et nous avons perdu 17 membres d’équipage lors de cet abordage qui n’aurait pas dû poser de problème particulier….

Le brouillard jusqu’à ce jour, avait toujours été un allié fidèle, mais il y a 4 jours maintenant, il s’est avéré être un terrible ennemi…

En plein abordage, 2 autres vaisseaux ont surgi de la brume et nous ont attaqué. J’ai essayé de fuir mais le Narval s’est retrouvé sous un feu nourri, d’où les dégâts subis.

Nous sommes en approche du port de Kayrvel. Ce dernier dispose d’un chantier naval qui, même s’il n’est pas très grand, est réputé pour la qualité de son travail.
Je fais jeter l’ancre à quelques encablures des quais et je saute dans l’annexe.

Au bout de la jetée principale, un homme, les mains sur les hanches, la tête légèrement penchée sur le côté, observe le Narval à l’ancre. Je me dirige dans sa direction car, grâce à la description que j’ai eu de lui, je sais qu’il s’agit de Zabdar Lammarem, le propriétaire du chantier naval.
Lorsque j’arrive à sa hauteur il tourne la tête vers moi. Ses yeux sont d’un vert abyssal qui tranche avec la peau bronzée et ridée de son visage.
- Bonjour Maitre Lammarem
- Bonjour Capitaine…. On peut dire que vous n’avez pas fait les choses à moitié avec votre navire…
- Nous avons fait une mauvaise rencontre …
- …Une seule ?
- Non, vous avez raison, ils étaient 3…Comme vous pouvez le voir nous avons subi d’énormes dégâts… Je me demande même comment le Narval flotte encore et comment nous avons pu arriver jusqu’ici.
- Moi non ! … Certains navires refusent de sombrer…C’est rare, mais ça arrive…. De toute évidence le vôtre en fait partie…
- Seriez-vous en mesure de réaliser les réparations nécessaires et sous quel délai ?
- …Nous sommes plus près d’une reconstruction que d’un simple ensemble de réparations Capitaine…Quant au délai je ne vais pas pouvoir commencer à travailler sur votre navire avant, au moins, 4 ou 5 mois et a vu d’œil je pense que le chantier devrait durer environ 3 mois.
- Vous avez la possibilité de faire plus court ?
- Non Capitaine ! Comme vous pouvez le voir j’ai déjà 3 navires en cale sèche. Les 4 ou 5 premiers mois sont donc incompressibles. On pourra raccourcir la durée du chantier mais cela dépendra de vos choix. Si je fais des réparations à minima, en 1 mois vous pourrez reprendre la mer. Si vous décidez de faire les choses bien, à savoir réaliser des améliorations plus que des réparations, le délai de 3 mois est un minimum… A vous de voir.

Je regarde autour de moi. 8 mois dans cette ville ça doit être long…très long.
- J’ai un ami qui me dit toujours que l’on ne doit jamais prendre de décision importante en étant à jeun… Je vous offre un verre Maitre ?


Debout au milieu du chantier naval je regarde le Narval que l’on a dû mettre en cale sèche en urgence car il menaçait de chavirer à tout moment.
L’équipage a été dissout et j’ai confié au premier Maître Jalter Merimem, la supervision des travaux de reconstruction.

N’envisageant absolument pas de passer les 8 prochains mois dans la ville de Kayrvel j’ai accepté la proposition d’un de mes timoniers, Elzyn Ebt’Maal, de le suivre dans le désert du Medjay d’où il est originaire.

J’ai toujours été fasciné par le désert. Encore plus que celle de l’océan, la vue des étendues, sans fin, de dunes m’apporte un sentiment de calme et de sérénité que rien d’autre ne peut me procurer.

Le désert te dépouille de tes oripeaux, déforme le temps, met ton âme à nu et met à mal tes certitudes.  

On dit souvent que le désert nous laisse seul face à nous-même. C’est vrai…en partie…Il a aussi cette incroyable capacité à convoquer nos fantômes. Les fantômes de celles et ceux, morts ou vivants, que nous avons laissé dernière nous. Dès les premières heures de marche au milieu des dunes, au rythme lent et régulier du pas des chameaux, j’ai senti ces présences de nouveau à mes côtés.

Après 4 journées de marche, à l’heure où le soleil glisse doucement derrière les dunes, nous arrivons à l’oasis d’Abn’Meram, littéralement « La porte du désert ».
Si le paradis existe, il doit ressembler à cet endroit.

Je me rends compte que les quelques incursions que j’ai effectuées, par le passé, à la lisière du désert parmi les premiers champs de dunes, n’étaient en fait qu’une simple évocation de ce qu’est ce territoire. Je découvre depuis quelques heures un monde empli de merveilles et de dangers. Un monde où règne le silence, seulement troublé par moment, par le chant lancinant des dunes. Un monde où l’écrasante chaleur des journées tranche avec la terrible froideur des nuits.

Je déambule dans les ruelles étroites et encombrées de la ville basse. Tout ici n’est que couleurs, odeurs et bruits. L’exact opposé du désert surchauffé, hostile, silencieux et minéral cernant ce magnifique et minuscule ilot de vie.

Je porte la tenue noire des Taarzyls, un des 7 clans du désert. Les Taarzyls sont des combattants, ils sont en charge, entre autre, de la protection des caravanes qui sillonnent le désert. Selon la légende ils sont les Abn’Soums signifiant les fils du désert et L’Abkaar en est leur chef, à la fois spirituel et militaire. Ce dernier se trouve être le grand-oncle d’Elzyn Ebt’Maal avec qui je voyage.  C’est lui qui m’a autorisé à porter la tenue de son clan, ce qui est, selon Elzyn, un rare honneur, que j’apprécie à sa juste valeur.

Je me dirige vers la citadelle qui domine la ville. Mon uniforme agit comme un laissé passer et les gardes en faction à l’entrée principale me saluent respectueusement lorsque je passe à leur hauteur.

Je monte sur le mur d’enceinte. De là je domine la ville basse, le second rempart et la palmeraie. Tout autour, à 360°, le désert nous entoure, nous enlace, nous protège.

Si les Dieux le permettent, je reviendrai mourir ici.

Capitaine Malhorne

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Allez ! On y retourne ! Empty Les Chroniques de Malhorne : « Fragment de mémoire des sables. (Suite) »

Message par Capitaine Malhorne Jeu 5 Oct - 11:11

Une dizaine de jours après notre arrivée dans l’oasis d’Abn’Meram, mon compagnon de voyage, Elzyn Ebt’Maal, me propose de l’accompagner, lui et son détachement Taarzyl, au cœur du désert du Medjay.
Il ne m’indique pas l’objectif de cette mission et par respect je ne le lui demande pas.

Je rejoins le groupe, le lendemain matin à l’aube, dans la cour principale du Palais de l’Abkaar servant de garnison aux unités Taarzyls.

Une vingtaine de femmes et d’hommes, tous vêtu de la traditionnelle tenue noire, s’affairent à fixer leurs paquetages sur des montures pour le moins impressionnantes et exotiques. En effet ce ne sont pas les traditionnels chameaux qui sont alignés contre le mur d’enceinte Nord mais des iguanodons.
J’avais entendu parler de ce que beaucoup de personnes, moi y compris, considérions comme une légende, à savoir que les hommes du désert chevauchaient des iguanes géantes, mais là j’ai sous les yeux la preuve flagrante que ce n’était pas une fable.

Elzyn, me voyant entrer dans la cour, vient à ma rencontre.

- Bonjour Capitaine. Etes-vous prêt pour votre première mission à dos de Maer’Tal ?
- Bonjour Elzyn puisque tu me fais l’honneur de me considérer comme un membre à part entière de ton unité, je te serais reconnaissant de bien vouloir t’adresser à moi comme tu t’adresses à tes frères d’arme, à savoir en me tutoyant et en m’appelant par mon prénom.

Le jeune fils du désert me regarde pendant quelques secondes avec ses grands yeux noirs et un léger sourire accroché aux lèvres.

- Comme tu voudras Barend... Ta monture est par là, si tu veux bien me suivre.
Mon compagnon se dirige vers un Maer’Tal situé un peu à l’écart des autres.
- Je te présente Tess, la doyenne des Maer’Tal de notre compagnie. Elle est très expérimentée, assez calme, très bonne combattante et je dois le confesser, un peu joueuse.
- Combattante et joueuse ? Tu peux développer un peu ?

Elzyn s’approche de ma future monture. Elle doit faire dans les 8 à 9 mètres de long, queue comprise et 1.5 mètre au garrot. Elle est de couleur grise, à l’exception des grosses écailles formant la crête garnissant le sommet de sa tête et la totalité de sa queue, qui elles sont d’un dégradé de vert allant du plus clair au quasiment noir. Ses grands yeux reptiliens sont, quant à eux, de couleur or.

- Tess je te présente Barend, ton nouveau compagnon de voyage. Soit gentille avec lui car même s’il n’est pas un fils du désert il en a le cœur et le courage.

Le jeune Taarzyl me fait signe d’approcher de l’énorme Maer’Tal et de me placer face à elle.

- Elle a besoin de te voir et de sentir ton odeur. Il se peut qu’elle te rejette, même si ce n’est pas vraiment dans ses habitudes.

Au bout d’une interminable minute Tess s’avance et vient poser son museau contre ma poitrine. Mon cœur s’arrête de battre pendant 2 à 3 secondes. Elzyn me fait signe de ne pas bouger, je réfrène néanmoins difficilement une féroce envie de reculer.

- C’est bien Tess. Merci de l’accepter. Prend bien soins de lui.

Je regarde ma nouvelle monture et je n’en mène pas large, ce qui n’échappe pas à mon compagnon.

- Ne t’inquiète pas Barend. Tess est très fiable et tout va bien se passer.
- Si tu le dis … Au fait, tu ne m’as pas répondu, mais en quoi est-elle « Bonne combattante et joueuse » ?

Elzyn contourne Tess pour vérifier si son équipement, selle et sacoches, est bien fixé.
- Nous pouvons faire de mauvaises rencontres dans le désert. Des humains, d’autres tribus, mais aussi des créatures plus exotiques du type Hamshyr, des Scorpions géants, des Shrech qui sont de très gros mille-pattes et deux ou trois autres bestioles pas vraiment sympathiques.
- « Très gros comment » les scorpions ?
- Les Hamshyr et les Shrech ont des tailles moyennes assez proches de celle de nos Maer’Tal. Pour les autres c’est variable mais ils sont beaucoup plus petits.
- Ah oui, quand même … Je suis content d’être venu …Vraiment content !!!

Le Taarzyl part d’un rire franc et sonore.

Un son grave et prolongé résonne entre les hauts murs.
Rassemblement !

Nous nous dirigeons vers le centre de la cour et nous nous alignons sur 3 lignes de 7. Je vais enfin connaitre l’objet de ma première mission en tant que Taarzyl.
Un homme à la stature imposante que j’ai déjà croisé quelques fois se présente devant nous. Je sais qu’il se nomme Isham El Garm et qu’il est le commandant des unités rapides.

- Bonjour à tous. Aujourd‘hui vous partez dans la zone des 3 pics. D’après les informations dont nous disposons une tempête a mis au jour de nouvelles ruines. Votre mission est, comme d’habitude, de cartographier la zone découverte et de sauver, autant que possible, les artefacts que vous pourriez trouver et ce avant que les pillards ne le fassent. Lieutenant Ghawar l’unité est sous vos ordres. Rompez.
Le jeune lieutenant sort du rang et se positionne face à nous.

- A mon commandement, Garde à vous. Unité, départ dans 15 minutes. Mon second sur cette opération sera la chef Meanwa. A vos montures. Rompez.
Nous nous dirigeons tous vers nos Maer’Tal. Je décroche les rennes de Tess et l’amène doucement au centre de la cour. Les autres Taarzyls font de même. L’un après l’autre je les regarde monter en selle. Du coin de l’œil Elzyn m’observe. Je prends une profonde inspiration et grimpe sur le dos de celle qui va devenir une des plus incroyable rencontre de ma vie.

Ghawar donne le signal du départ et nous sortons à pas lent de l’enceinte du Palais de l’Abkaar. Notre colonne remonte la rue principale de l’oasis en direction la porte d’Embt’aar, que l’on peut traduire par la porte du Grand vide. Lorsque je passe sous le grand porche marquant la fin de la ville et le début du désert, mon cœur se serre. Devant moi, à perte de vue, les dunes ondulent telles des vagues figées dans le temps. Je me rends compte que je suis ému aux larmes. Si Faéna était là elle détesterait. Une Elfe dans le désert. Cette pensée fait naitre un sourire sur mon visage.

La chef Meanwa, en tête de colonne, lève le bras et le rebaisse lentement. Les Maer’Tal accélèrent le pas et avant que je n’ai pu faire quoi que ce soit Tess en fait de même.

J’ai rarement eu le sentiment d’être autant à ma place qu’en cet instant.

Si les Dieux le permettent je reviendrais mourir ici.

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